Icônes légendaires et globales. Prophètes de la perfection. Interprètes divins d’un sport. Des champions totaux, en plus des clôtures d’encouragement et des divisions culturelles, géographiques et historiques. Des gestes techniques qui deviennent matière pour les manuels, des instantanés imprimés dans la mémoire collective, des partitions stratosphériques, des records battus, des synthèses incontestables du progrès. Surtout, la représentation parfaite (symbolique) d’une barre qui atteint des dimensions inexplorées. Des émotions qui réchauffent les cœurs, des frissons dans le dos, des actes d’inconscience profonde, des moments d’extase collective, voire l’illusion qui mène à l’identification (désirée), comme si on aimerait être à leur place, les mauvais échantillons d’un cheveu. Ces fragments de temps – dont ils sont les protagonistes incontournables – nous les transmettons aux petits-enfants.
LE GÉNIE DE LA RAQUETTE – Le dernier exemple est le septième triomphe sur l’herbe de Londres par Roger Federer . Le Suisse n’est que la dernière incarnation du sportif «total», celui qui nous pousse à suivre ses actes avec ses yeux endormis aux quatre coins du monde, ce qui nous pousse même ouvertement sur le côté comme si chacun de ses coups gagnants était, après tout, notre succès personnel. On fait ressortir un sourire extatique, on se réjouit de la perfection stylistique, du geste qui devient poésie, nous ne nous soucions pas de sa nationalité ou d’où il vient. Nous ne sommes pas surpris de son compte bancaire à dix chiffres, nous ne sommes pas pris dans une rhétorique populiste. Roger est le champion de tous, aucun exclu. La victoire sur Murray, son dix-septième Chelem, la 286e semaine en tête du classement ATP, n’est que la conséquence naturelle du premier de la catégorie. De toutes les classes. Du premier jamais.
L’AMÉRICAIN VOLANT – Avant que son record ne soit battu par son compatriote Phelps trente-six ans plus tard, il était l’icône du nageur inaccessible. L’une des sept médailles d’or aux Jeux Olympiques sanglants de Munich 1972. Avec sept records du monde contextuels. Lors de ces Jeux Olympiques (et pendant de nombreuses années), Mark Spitz était le témoignage parfait des progrès de l’humanité vers des plages inexplorées. Capable d’élever la barre au-delà de l’imaginable, devenant une sorte de mythe vivant.
LE GYMNAST PARFAIT – La ligne d’ombre. Ou la ligne de lumière, celle qui la consacre dans l’Olympe de chaque époque est symbolisée par le nombre 1,00. C’est la Roumaine Nadia Comaneci, qui à 14 ans a envoyé tous les terminaux des matchs de Montréal 76 en tilt, car son exécution dans les parallèles asymétriques était si parfaite qu’elle a obtenu les 10 des membres du jury et est même allée au-delà de 9,95 jusqu’à ce moment considéré comme une limite insurmontable.
THE DESTROY CESTIST – Qui était le leader incontesté de la Barcelona ’92 Dream Team, en réalité, n’est qu’un plus qui lui permet d’être convoqué comme le plus grand basketteur de tous les temps, dans le légendaire quintette du Hall of Fame également composé de Scottie Pippen, Magic Johnson, Larry Bird et Charles Barkley. Champion des Chicago Bulls, Michael Jordan a entraîné les Bulls dans la série finale historique contre Phoenix avec une moyenne stratosphérique de 40 points par match.
LE REGGAE DE VITESSE – Il est le détenteur (qui sait pour combien de temps) de deux records fantasmagoriques de vitesse pure: le cent (9 “58) et les deux cents mètres (19” 19). C’est le jamaïcain, irrévérencieux et tapageur, Usain Bolt, appelé au dernier pas avant l’ascension divine représentée par les prochains Jeux Olympiques de Londres. Il s’amuse et s’amuse, avant le starter, est un talent irremplaçable cultivé dans la tradition des sprinteurs caribéens.
LE PILOTE-LÉGENDE – Son histoire est devenue même épique, sa vie a suggéré des films et des chansons, sa fin a ému des millions de personnes à travers le monde. Ce crash fou à 300 par heure sur la courbe de Tamburello du Grand Prix de Saint-Marin l’a élevé (non seulement pour ses incroyables actes sportifs, mais pour la représentation scénique d’une vie toujours avec le pied sur l’accélérateur) au plus grand pilote de Formule 1 jamais. C’est Ayrton Senna, la consécration à McLaren, la mort à bord de la Williams, le choc et la stupéfaction qui ont révolutionné à jamais la manière de courir et les normes de sécurité des voitures.
THE AFRO BOXER – Or aux Jeux Olympiques de Rome, d’abord Cassius Clay, puis reconverti à l’Islam sous le nom de Muhammad Ali, il a été poids lourd mondial pendant sept ans au total et le protagoniste de matchs épiques avec Foreman. Légendaire de ses droits et de ses droits, il se dit: “Vole comme un papillon, pique comme une abeille”. Il a inspiré à plusieurs reprises la cinématographie hollywoodienne.
VALENTINO FOREVER – En motocyclisme, personne n’a su divertir, voire susciter gaieté et légèreté, joie de vivre et hilarité, comme Valentino Rossi. Neuf titres mondiaux remportés, dont 6 en MotoGp, la classe reine. Il s’est identifié avec le numéro 46, le numéro de son père qui lui a envoyé la passion imparable du deux roues. C’est le sportif italien par excellence, désormais en lente décroissance au volant de Ducati mais toujours une légende vivante et une source d’inspiration (pour ses adversaires) pour ses trajectoires impossibles.
FOOTBALL-TOTAL – Enfin, pas seulement un athlète, mais une équipe de football, capable de révolutionner notre compréhension d’un sport. C’est le football néerlandais total de Crujff et Neeskens. Capable de toucher le titre mondial à deux reprises (perdu en finale contre les hôtes de l’Allemagne de l’Ouest en 1974 et de l’Argentine en 1978), surtout un collectif capable d’occuper des espaces comme aucune équipe ne l’avait jamais fait auparavant, à travers un pressing asphyxiant et des tactiques de hors-jeu révolutionnaires (pour l’époque).